Il s'agit d'une partition de musique d'un fox-trot, "La vache qui rit", qui comporte en couverture la reproduction d'un dessin inspiré de Benjamin Rabier représentant La Vache qui rit. On peut voir les traces de cinq tampons sur la couverture, datant du 31 mars 1921 et portant l'inscription "TELEG MILIT RE".

Cette partition dénommée "La Wachkyrie" (La vache qui rit), fox-trot, qui comporte des sous-titres, Un succès mondain, Les souvenirs de la guerre 1914-18 et de nombreux ajouts et commentaires (liste des autres oeuvres du duo créateur du morceau de musique), présente la particularité de se référer à la très fameuse effigie animalière publicitaire inspirée de Benjamin Rabier, aussi bien dans son contenu que dans sa forme. La chanson est en effet consacrée à la créature imaginaire dont la dénomination est attribuée à une auberge normande, et ses paroles développent l'idée d'un éden populaire arrosé de cidre. Par ailleurs, la couverture de la partition est ornée de la représentation en sépia du fameux bovidé au sein d'un cercle.
En 1921, Léon Bel s'était en effet inspiré d'un dessin de Benjamin Rabier comme logo de sa marque " La vache qui rit ". Cette vache décorait les camions de transport de viande fraîche pendant la Première Guerre mondiale et était surnommé la " Wachkyrie ", appellation reprise humoristiquement dans la partition, qui évoque en outre, par d'autres mentions, non seulement les souvenirs de la guerre, mais aussi " les insignes des sections automobiles des armées 1914-1919 ".
Cet objet mémoriel offre donc une superposition de plans de mémoire, aussi bien d'un détournement de la célèbre effigie issue des oeuvres de l'un des premiers précurseurs français de la bande dessinée, mais aussi de l'imaginaire auquel elle est ici associée en opposant l'image d'un Eden de nos campagnes à la gravité d'évènements historiques dans leur ressenti populaire.