Planche en noir et blanc réalisé sur une feuille de papier millimétré de couleur verte (marque ibis, 180 x 260 mm).
Il y a une inscription en alphabet hangeul (coréen) collée sous le dessin (titre ?) ainsi que la signature de l'auteur et la date "2009" sous l'angle inférieur droit du dessin.
La scène représente un voie de tramway qui traverse un village. En plein milieu de la voie, siège un vieillard assis dans la position du lotus sur une chaise à porteur. Vêtu d'un chapeau, de lunettes et portant une longue barbe blanche, il fume tranquillement une pipe. Devant la chaise se tient un enfant qui semble agiter un éventail . Derrière l'installation, on peut voir un tramway (ou train ?) arrêté. Sur la plate-forme arrière du véhicule, le chauffeur fixe d'un air furibond, le vieillard qui bloque la voie.

Reprenant la construction de l'image de Bob van den Born auquel il rend hommage, Kim Han-jo l'interprète dans son propre style, en un traitement plus proche du réalisme, accusant les ombres et exploitant les contrastes du noir et blanc là où le Néerlandais s'appuyait davantage sur la pure dynamique du trait. Mais surtout il transpose la scène dans son propre univers de référence, la Corée historique, offrant ainsi au lecteur un passionnant exercice de comparaison culturelle. Kim Han-jo nous livre en effet une foule d'informations sur ce que pouvait être la réalité quotidienne ordinaire d'une rue coréenne d'autrefois, à une époque où amorce de modernisation et tradition cohabitaient encore. Le portefaix au second plan et surtout la chaise à porteurs mettent en évidence les stratifications sociales presque féodales de la société coréenne d'alors. Ce dessin-hommage devient ainsi une sorte de fenêtre ouverte sur un monde révolu. Le recours au texte est déterminant : c'est lui et lui seul, qui, pour un lecteur occidental, souligne l'intention discrètement humoristique du propos.