Sur ce fragment de forme irrégulière, présentant des éclats et une peinture un peu effacée, une main est représentée. Il s'agit d'un fragment provenant de la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers : la main d'Aliénor d'Aquitaine représentée en bas de la Crucifixion (baie 100) et encore présente sur les photos avant restauration de 1884.
Verre blanc, grisaille.
(Boulanger K 2013)

Au niveau inférieur de ce vitrail, qui comporte deux grandes figures axiales - le Christ de l'Ascension et celui de la Crucifixion -, figurent les donateurs, Henri II Plantagenêt et Aliénor d'Aquitaine, offrant la maquette du vitrail.
La représentation du couple royal et de quatre de leurs enfants permet de dater le vitrail avec beaucoup de précision et de situer sa réalisation vers 1165. Cette datation, cohérente sur le plan stylistique, concorde par ailleurs avec les dates attribuées à l'architecture de cette partie de l'édifice : les vitraux du chevet occupent ainsi leur emplacement d'origine et comptent parmi les plus anciens en France conservés in situ.
A plusieurs reprises au cours de leur histoire, les vitraux de la cathédrale de Poitiers ont subi des dommages et des remaniements très sévères, depuis les destructions imposées en 1562 par les huguenots à la "restauration" entreprise avant la Révolution. Les vitraux du XIIe siècle présents dans le chevet ont en outre été entièrement recomposés et restaurés par Louis Charles Auguste Steinheil (1814-1885) entre 1883 et 1884. Restauré pour la dernière fois en 2003-2004 par l'atelier Barthe-Bordereau (Angers), le vitrail de la Crucifixion possède encore plus de la moitié de ses verres d'origine.

L'extrême rareté des représentations iconographiques exécutées du vivant de celle qui fut successivement reine de France puis d'Angleterre ajoute à l'intérêt de cette "redécouverte".