Ce fragment de vitrail figurant une tête de femme voilée provient de la verrière des Miracles de sainte Radegonde, conservée dans l'église du même nom à Poitiers. Intimement lié au monastère Sainte-Croix implanté à proximité, cet édifice religieux fut bâti peu avant 561, à l'initiative de Radegonde, afin d'abriter les sépultures des moniales voisines. D'abord placée sous le vocable de Sainte-Marie, l'église prit dès le IXe siècle le nom de la sainte qui y était enterrée.

L'église Sainte-Radegonde connut au cours des siècles suivants plusieurs phases de recontruction, notamment au XIIIe siècle avec l'agrandissement de sa nef. Créées pour la nouvelle architecture, plusieurs verrières étaient alors destinées à illustrer la vie de la sainte. Celle dite des "Miracles de sainte Radegonde", dont est issu le présent fragment, est constituée de deux baies divisées chacune en 32 panneaux offrant le récit de ces miracles. Au sein des différentes scènes, réduites à leur simple expression pour en faciliter la lecture depuis le sol, des personnages de pleine couleur se détachent sur un fond de grisaille. Radegonde est aisément identifiable grâce à sa robe bleue fleurdelysée et à sa couronne. Les visages des protagonistes se distinguent par des joues pleines, un nez proéminent et un menton souligné d'un cercle. Les armes du comte Alphonse de Poitiers (1220-1271), présentes sur les bordures du vitrail, pourraient le désigner comme donateur à une période où le culte de Radegonde connaît un développement important.