Cette composition est une copie d'après le célèbre tableau de Rubens peint en 1620 pour l'église des capucins d'Anvers, aujourd'hui conservé au musée des Beaux-Arts de la ville (inv. n° 297). Cette transcription à la sanguine a probablement été exécutée d'après une estampe en contrepartie, puisqu'elle est inversée par rapport à l'original.
L'épisode du "coup de lance", inspiré de l'Évangile de Jean (19, 31-37) prend place après la crucifixion de Jésus : le vendredi soir, des soldats sont envoyés pour briser les jambes des crucifiés avant de les descendre de croix pour que les corps ne soient pas exposés pendant le sabbat. Les deux larrons crucifiés avec Jésus ont les jambes rompues, mais le Christ étant déjà mort, l'un des soldats lui perce le côté de sa lance : de la blessure coulent de l'eau et du sang. La tradition a donné à ce soldat, que Rubens juche sur un cheval, le nom de Longin ; il sera canonisé en raison de son témoignage de foi en l'essence divine du crucifié. Au pied de la croix se tiennent Marie et Jean, le disciple à qui Jésus a confié sa mère avant de mourir, ainsi qu'une des femmes qui accompagnaient la Vierge.
Il existe au British Museum, à Londres, un dessin de la main de Rubens (PD 1994-5-14-39), préparatoire à l'estampe gravée par Boetius Adams Bolswert vers 1630.
La mention manuscrite au verso de la feuille de Poitiers, qui attribue ce dessin à Van Dyck, ne peut-être retenue. Toutefois ce pourrait être une copie faite en Flandre dans les décennies suivant l'exécution de la gravure.
Longuement exposée au public lorsque le musée municipal était installé à l'Hôtel de Ville de Poitiers, la feuille, insolée, est affectée de taches sombres et claires qui rendent sa lecture malaisée, témoignage de l'infortune des oeuvres attribuées autrefois à des artistes de renom.
Boîte C10.