L'Aurore invoque l'Amour pour obtenir le rajeunissement de Titon
- 890.11
Boizot Antoine
Malgré la signature et la date figurant en bas à droite de cette composition à la plume avec rehauts de craie blanche, ce dessin n'est sorti de l'anonymat dans lequel l'avait rejeté le catalogue d'Henry Perrault que dans les années 1960, sous l'oeil de Jean-Marie Moulin qui, le premier, s'est intéressé à la mention manuscrite donnant par ailleurs le sujet de la feuille.
"La disposition des personnages est assez conventionnelle avec ses deux figures placées en vis-à-vis, de trois-quarts, et vues légèrement "da sotto in sù". Titon est assis sur un rocher, à droite, au pied d'un arbre, avec sa houlette de berger à la main. A gauche vient l'Aurore dans ses plus beaux atours ; d'une main elle désigne Titon et de l'autre s'adresse à l'Amour qui paraît au-dessus d'eux, debout sur un nuage. D'autres amours peuplent la composition : l'un d'eux se tient à côté de l'Aurore avec un flambeau à la main ; un autre semble remonter un rideau, en haut à droite de l'image, comme pour révéler l'apparition du dieu... La composition est fermée à gauche par quelques éléments d'une colonnade à peine suggérée, à droite par un arbre dans le branchage duquel vient s'emmêler le bas du rideau" (Bruno Hérody, 1997, pp. 32-33).
C'est à Bruno Hérody que revient le mérite du rapprochement du sujet avec celui de la pastorale héroïque "Titon et l'Aurore" composée par Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville et créée à l'Académie royale de musique le 9 janvier 1953. Bruno Hérody note à juste titre que la composition inhabituelle, qui s'éloigne des représentations classiques de la déesse et de son amant, s'explique par cette référence à une oeuvre musicale qui eut un succès considérable, au coeur de la "Querelle des Bouffons". Il va jusqu'à prêter à Tithon les traits du chanteur Pierre Jélyotte alors âgé de 40 ans, dans le rôle de l'amant, et rapproche la scène dessinée par Boizot de la fin de l'acte III - l'Aurore implore le secours de l'Amour - et du début de l'acte IV - l'Amour descend dans une gloire et rend sa jeunesse à Tithon. Toutefois on ne peut affirmer que Boizot ait reproduit fidèlement les tableaux de la pastorale, tant sa composition demeure classique ; peut-être s'est-il simplement inspiré d'un sujet mis à la mode par une oeuvre musicale de premier plan.
L'insolement qu'a subi cette feuille altère légèrement sa lecture, ce qui est d'autant plus regrettable qu'on ne connaît que peu d'oeuvres de Boizot. Artiste formé dans l'atelier de François Le Moyne, puis aguerri à l'Académie de France à Rome, il ne joua toutefois qu'un rôle secondaire sur la scène parisienne où les critiques saluèrent son sens de la composition et de la couleur sans voir en lui un génie. Ainsi, au Salon de 1748, Baillet de Saint-Julien écrivait : "ce peintre est sans invention (...) il est très correct dans son dessin, fort sage dans sa composition, très exact dans son coloris, mais cela ne suffit pas". (Hérody B 1997, p. 34, note 16).
Le nom de Tithon, orthographié sans h au XVIIIe siècle, se trouve plus fréquemment sous sa forme hellénisante avec un h.
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
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