En mai 1852, au milieu de son séjour en Grèce, Alfred de Curzon effectue le tour de Morée avec Ch. Garnier et E. About ; il visite Mycènes et l’antique Sparte.

La Morée est le noyau de la Grèce indépendante, elle est décrite par l’ouvrage sur le Péloponnèse de Bleuet, paru en trois volumes, entre 1831 et 1838. Le circuit de la Morée est le premier qui ait été organisé par les premiers guides autochtones. C’est au cours de ce voyage difficile en raison de l’impraticabilité des itinéraires que l’artiste perdit dans une embardée équestre, une bonne partie des dessins de la première partie du voyage, raconte About en 1860 dans son ouvrage La Grèce contemporaine. Cette aquarelle nous présente une vue des ruines des couvents byzantins de Mistra, prise du contrebas de la falaise que couronne la ville. Comme le fait valoir Chr. Peltre, Alfred de Curzon privilégie le site et son attrait pittoresque en dehors de toute préoccupation historique ; l’architecture byzantine n’éveille pas en lui l’intérêt de son contemporain  Papety, pas plus que l’impressionnante Porte des Lionnes à Mycènes ne lui inspire le réflexe d’une notation comme Belly.  Th. Thomas identifie cet ensemble de ruines comme le couvent de Pantanassa, fondé par un ministre du despote Théodore II Paléologue.

Cette aquarelle présente au premier plan des rochers conduisant le regard vers les ruines d’une église byzantine avec une petite coupole et un campanile, entourée de bâtiments divers et entremêlés d’arbres. Les couleurs dominantes sont le gris, le vert et l’ocre rouge orangé, pour les constructions.

Cette aquarelle est très différente de celles faites à Athènes ; plus aboutie et d’un format d’œuvre d’exposition, elle surprend par des couleurs plus vives qui traduisent une lumière très différente, et plus proche des aquarelles poitevines de l’artiste. Cette feuille fut en fait réalisée en 1886, d’après une étude de mai 1852, pour servir d’esquisse à la toile commencée la même année Ruines d’un couvent à Mistra et datée de 1889.