Cette très belle esquisse du maître est à rattacher à la série d'œuvres commandée en 1636 à Rubens pour décorer le pavillon de chasse de Philippe IV, près de Madrid. Les panneaux peints, dont les sujets sont empruntés aux Métamorphoses d'Ovide, ont pour la plupart été pillés en 1710 par les troupes de l'archiduc Charles. Même si l'historique de l'esquisse du musée de Rochefort reste encore à établir, la qualité de l'œuvre et son expressivité confirment son appartenance à cette série, dont on peut trouver des exemples à Bruxelles, Londres ... Rubens se bornait à la réalisation des esquisses seules, laissant l'exécution des toiles à Jordaens, Snyders, Quellin, de Vos: le Musée du Prado conserve à Madrid la version sur toile de ce panneau peint, exécutée par Jean COSSIERS.
Lycaon, fils de Titan et de Tellus, roi de Parrhasia, ville d'Arcadie, fut métamorphosé en loup pour avoir voulu servir à Zeus de la chair humaine : en guise de punition, le dieu changea en loup ce roi et le foudroya dans son palais.
Le génie de Rubens est contenu dans ce minuscule chef-d 'œuvre : la puissance des couleurs, moyen d'expression de toute première importance pour Rubens et la maîtrise parfaite d'un dessin à la fois équilibré et fougueux. Composée selon un jeu de lignes obliques et croisées convergeant vers le centre, - motif de la punition divine - et vers le roi lui-même, cette œuvre reste concentrée sur les deux personnages. L'action, traduite avec une grande économie de moyens, est limitée à un cadre étroit et dépouillé. La nappe blanche, qui sert à mettre en valeur le jeu des gestes mouvementés, accentue aussi les couleurs chaudes des étoffes et des chairs. Au-dessus de Zeus à la tête auréolée d'un halo lumineux, l'aigle divin lance ses foudres sur Lycaon, devenu expression même de l'instantanéité de l'effet de la punition divine: alors que son bras gauche avance le plat vers son invité, le visage du roi se transforme en tête de loup et ses ongles en griffes.
Avec brio et rapidité, les touches de peinture ont été posées sans qu'elles soient vraiment fondues les unes aux autres, sans qu'un dessin rigoureux vienne cerner les formes, de façon à privilégier la couleur et la lumière. Cette esquisse permet en fait de saisir tout le génie de Rubens : légèreté et rythme de la touche, relief et luminosité, dynamique des lignes et des couleurs.
L'influence de l'Italie et du Titien en particulier, se perçoit au niveau des tonalités roses, rouges et dorées, mais il faut considérer cette esquisse comme une œuvre très rubénienne, et de sensibilité flamande, dont la tension dramatique rappelle que Rubens est bien le maître de l'art baroque. (Marie-Pascale Bault)
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
9, place Gambetta (cœur de ville)
17310 Saint-Pierre-d’Oléron
Ouvert - dimanche : 14h - 18h
05 46 75 05 16
Cette oeuvre de Rubens fait partie d'une commande du roi d'Espagne Philippe IV, pour son pavillon de chasse La Torre de la Parada, situé à proximité de Madrid. En novembre 1636, Rubens en a reçu la commande et a déjà commencé à travailler à l'exécution de certains d'entre eux. Il les acheva en janvier 1638 dans son atelier et ils arrivèrent à Madrid à la fin d'avril 1638. L'ensemble représente 122 ou 123 tableaux ; 62 ou 63 ont été réalisés par Rubens et ses élèves ; ils sont à sujets d'histoire, empruntés pour la plupart (41) aux Métamorphoses d'Ovide ; c'est Rubens lui-même qui en prépara les esquisses. Ces dernières comptent parmi les plus belles réalisées par l'artiste.
Plusieurs études ont été publiées sur ce sujet : à voir à la bibliothèque des musées nationaux :
- Svetlana Alpers, The Decoration of the Torre de la Parada,
Londres et New-York, 1971 (CRLB, IX)
- Puyvelde, Les Esquisses de Rubens, Bâle, 1948
- Jaffé (Michaël), Esquisses inédites de Rubens pour la Torre della Parada in La Revue du Louvre et des musées de France, n° 6, 1964, pp. 313-322
- Diaz Padron (Matias), El siglo de Rubens en el museo del Prado. Catalago razonado de pintura flamenga sel siglo XVII, Barcelone, 1995, 2 vol. (II, pp. 908-950).
- Vergara (Alejandro), Rubens and his Spanish Patrons, Cambridge University Press, 1999.
La composition définitive a été peinte par Jean Cossiers ; elle est aujourd'hui conservée au Musée du Prado." [note de MC Depierre pour le cartel].
L'histoire de ce tableau avant son don à la Ville est mal connu : il aurait pu faire partie de la collection Pastrana puis de celle de Madame Errera, selon un historique de S. Alpers, mais ces éléments ne sont pas confirmés dans le catalogue d'exposition "le siècle de Rubens".
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