Vision paisible d'une campagne flamande. Un pont de pierre franchit un étang dans lequel on entrevoit un homme nu qui se baigne. Un pêcheur au bord de l'eau regarde un couple de paysans qui franchit le pont accompagné de leur enfant. De l'autre côté se trouve un chasseur qui, fusil à l'épaule, se découvre en regardant une croix soclée au bord du chemin. En poursuivant le sentier de côté, nous distinguons une charrette à foin conduite par deux chevaux, suivie de deux paysans. Au loin se découvre un village flanqué d'une église. Au centre de la composition se déroule le labeur des champs. De petits personnages sommairement exécutés travaillent la faux entre deux bottes de foin. Un canal artificiel, alimenté par l'étang est investi par de petits baigneurs, tandis que se dessine au loin, un bord de mer.
La sérénité de ce paysage champêtre se trouve quelque peu dérangée par la présence d'un gibet sur lequel repose un pendu, près du canal à l'arrière plan. Un détail morbide qui pourrait laisser supposer une quelconque symbolique dans cette oeuvre apparemment innocente.
Léo van Puyvelde préfère voir au travers de cet instrument : "l'expression puissante de la joie de vivre qui le printemps venu, pousse les campagnards à danser, fût-ce au pied d'un gibet!", et d'ajouter "qu'en Flandre, depuis le Moyen-Age, dans chaque commune dotée d'une juridiction, un gibet restait dressé en permanence sur un plateau un peu écarté".
La scène est dominée par des couleurs sombres, les tons bruns rehaussés d'ocre pour les vêtements des paysans. (Christophe Paget, in "Tableaux des Ecoles du Nord au musée de Cognac", mémoire de maîtrise d'histoire de l'art moderne, soutenu à l'Université de Poitiers en 1998-1999, sous la direction de Mme Véronique Meyer).