Normand autodidacte, Edmond-François Calvo (1892-1957) publie des dessins dans la presse satirique au cours des années 1920, tout en dirigeant une fabrique de sabots, un hôtel-restaurant… La postérité a retenu La Bête est morte ! (1944-1945, scénario de Dancette et Zimmerman), récit animalier racontant aux enfants la Seconde Guerre mondiale, et Rosalie (1946), prodigieux exercice de comique anthropomorphe, mais il a véritablement marqué les lecteurs des années de guerre avec la série des Patamousse, emblématique de son style.
Edmond-François Calvo a commencé une carrière de dessinateur de presse professionnel en 1938. Elle s’est achevée vingt ans plus tard, en 1957, en plein milieu d’un épisode de Moustache et Trottinette, qu’il dessinait alors pour l’hebdomadaire Femmes d’aujourd’hui.
Né en 1892 à Elbeuf d’une ascendance hispano-italienne, Edmond-François Calvo a laissé le souvenir d’un homme affable, au physique imposant. Il participe à la guerre de 1914-1918, et une fois démobilisé, gagne sa vie en dirigeant en Normandie une usine de fabrication de galoches, puis succède à son beau-père à la direction d’une fabrique de boucles de ceinturon. Avec sa femme, il reprend dans les années 1920 un hôtel-restaurant dans la bourgade de Pont-Saint-Pierre, qu’il tiendra jusqu’à leur départ pour Paris en 1938. Bien que n’ayant jamais suivi d’éducation artistique, il mène, en parallèle à ses activités professionnelles, une florissante carrière de dessinateur, sculpteur et parfois même peintre amateur. À partir de 1919, il publie des illustrations dans Le Canard enchaîné, L’Esprit de Paris et Floréal, et réalise des sculptures en bois dont la plupart sont données aux amis et connaissances. Dans les années 1930, il participe irrégulièrement au Salon des humoristes, qui expose des dessins et sculptures.
À la naissance de leur première fille et poussé par son épouse qui sent bien que le véritable destin de son mari est dans le dessin, Calvo vend l’hôtel-restaurant et, avec sa famille, « monte » à Paris. Il collabore immédiatement avec les éditions SPE, éditeurs historiques des Pieds Nickelés. Doté une prodigieuse fécondité, Calvo entame alors une carrière qui le voit multiplier les publications et produire un nombre phénoménal de pages. Marqué par l’univers de Disney, Lorioux, Samivel et Dubout, il entame en 1938 une carrière placée sous le signe presque exclusif de l’humour et de la gentillesse. La postérité a à juste titre retenu La Bête est morte !, prodigieuse tentative d’explication de la Deuxième Guerre mondiale par le biais de la métaphore animalière, réalisée à partir de 1942 dans la clandestinité avec les scénaristes Dancette et Zimmerman et destinée aux enfants, mais c’est toute l’œuvre de Calvo qui mérite redécouverte et réévaluation. On citera Patamousse, Coquin, le gentil cocker et la longue série des Moustache et Trottinette parue chaque semaine de 1952 à sa mort en 1958. Albert Uderzo, le dessinateur d’Astérix, le cite comme une influence majeure.